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Ha’aretz, 12 janvier 2006

Trad : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Il est difficile de savoir ce qui a conduit le gouvernement à discuter de l’abattage d’oliviers palestiniens par des brutes venues des colonies. Peut-être est-ce la couverture médiatique donnée à ces dernières exactions, ou peut-être le changement à la tête du gouvernement. Peut-être, encore, les plaintes déposées par Yesh Din ( » Il y a une justice « ), ONG qui défend les droits de l’homme, au nom des victimes palestiniennes, plaintes qui auraient atterri sur le bureau du procureur général. Ou peut-être, enfin, est-ce le fait d’abattre des oliviers qui est perçu par l’opinion comme le mal absolu, sans circonstances atténuantes, contrairement à d’autres injustices commises dans les Territoires palestiniens.

Dimanche (8 janvier), le Premier ministre par intérim, Ehud Olmert, a condamné ces actes, mais a ajouté qu’il « n’en connaissait pas l’origine ». Pourtant, le chef du Shin Bet a révélé que ses services avaient remis à l’armée et à la police une liste de scieurs originaires de colonies. Elles ont fait les gros yeux, et rien de plus.

L’abattage d’oliviers par des représentants de l’Etat, comme l’appropriation de terres arables privées et l’exploitation de chaque mètre carré de terrains non privés à des fins d’expansion de colonies relèvent de la routine dans les Territoires. Mais la différence entre les injustices commises par les autorités de l’Etat et les dommages causés de façon indépendante par des groupes de colons réside dans le fait que cette dernière révèle la profondeur de l’anarchie qui caractérise le mode de vie des colons dans les territoires.

Pendant des années, le gouvernement a permis à des brutes juives de maltraiter leurs voisins palestiniens, et a fait porter l’essentiel de ses efforts sur la prévention des attentats contre les Juifs. Dans la plupart des cas où un colon est pris en train de vandaliser un bien palestinien, ou de s’en prendre physiquement à un Palestinien, il est relâché quasi immédiatement, son arme lui est rendue, et il redevient une menace pour ses voisins et la preuve vivante que porter plainte à la police ne sert à rien.

Depuis avril dernier, des milliers d’oliviers (plus de 2.000 d’après la comptabilité établie par le ministre de la Défense) ont été abattus par des colons, et tout ce que le Conseil des colons (« Yesha ») a à dire, c’est qu’il pourrait s’agir de provocations. Pareille réaction, de la part d’un corps constitué représentant les colons, indique que ce ne sont pas des actes commis par un groupe de colons renégats ou désorganisés, mais bien un vandalisme idéologique soutenu par les colons et par les autorités. Le réveil du gouvernement et du procureur général, qui a déclaré que les victimes palestiniennes devaient être indemnisées, intervient tard et est peu convaincant. Il est difficile de croire que de pareilles paroles conduiront à des inculpations. La semaine prochaine, le gouvernement est censé ordonner l’évacuation de l’avant-poste illégal d’Amona, ainsi que celui du marché de gros au cœur de Hébron, en conformité avec des décisions de la Haute cour de Justice. Une fois de plus, l’Etat a été entraîné dans une opération d’évacuation qui aurait pu être évitée si les autorités chargées de faire respecter la loi avaient agi depuis le début.

Concernant à la fois les abatteurs d’arbres et les évacuations, le gouvernement de transition doit bander ses muscles afin qu’un message de fermeté parvienne à ses destinataires.