Jerusalem Post, 30 août 2007

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le président palestinien Mahmoud Abbas a nommé un conseiller spécial aux affaires de Jérusalem, ont affirmé mercredi des représentants de l’Autorité palestinienne à Ramallah, indiquant qu’Israël et l’Autorité palestinienne s’apprêtent à s’attaquer réellement à la question de la ville.

Ces représentants ont affirmé au Jerusalem Post que cette décision avait été prise en prévision de la conférence de paix que Washington devrait accueillir en novembre. Israël et les Palestiniens devront alors traiter des questions essentielles, comme Jérusalem, les frontières du futur Etat palestinien et le problème des réfugiés.

« La question de Jérusalem est une fois de plus sur la table », a dit l’un des représentants. « C’est la raison pour laquelle il nous faut un responsable du portefeuille de Jérusalem qui se prépare aux négociations avec Israël. »

Le nouveau conseiller d’Abbas est Adnan Husseini, ancien directeur général du Waqf à Jérusalem. Husseini a travaillé pour le Waqf pendant plus de dix ans avant d’être remplacé cette année par Azzam al-Khatib. La famille Husseini est l’une des familles les plus anciennes et les plus importantes de Jérusalem. Son cousin Fayçal Husseini a été pendant de nombreuses années l’un des dirigeants importants de l’OLP avant sa mort soudaine en 2001.

Le Waqf, institution chargée des lieux saints musulmans de Jérusalem, est resté sous contrôle jordanien après la guerre de 1967. Depuis 14 ans, l’Autorité palestinienne tente de créer une alternative au Waqf, tentatives mises en échec à la fois par Israël et par la Jordanie.

Le nouveau conseiller nous a dit que l’une de ses premières tâches serait de tenter de convaincre Israël de rouvrir les institutions palestiniennes à Jérusalem, fermées par Israël ces sept dernières années. L’une d’entre elles, l’Orient House, servait de quartier général officieux de l’OLP à Jérusalem. L’Orient House jouissait du statut de mission diplomatique officieuse, ce qui énervait beaucoup de gens en Israël, en particulier parce que certains ministres étrangers tenaient absolument à y rencontrer des personnalités palestiniennes. Israël prétendait que l’Orient House et d’autres institutions de la ville liées à l’OLP constituaient une violation des accords d’Oslo, qui interdisaient aux Palestiniens de mener ce genre d’activités en Israël. La fermeture de l’Orient House avait été suivie par d’autres gestes similaires contre au moins une dizaine d’institutions liées à l’OLP.

« En l’absence d’institutions palestiniennes, Jérusalem est comme une ville sans âme » nous a déclaré Adnan Husseini. « Les habitants de Jérusalem ont souffert de la fermeture de leurs institutions. Aujourd’hui, tout le monde se rend compte que Jérusalem ne peut pas exister sans ces institutions, qui assuraient au public des services essentiels. »

Husseini a dit qu’il était prêt à rencontrer des représentants du gouvernement israélien pour discuter de ces institutions et d’autres questions ayant trait à la vie quotidienne des résidents arabes : « Nous sommes prêts à ouvrir des fenêtres, même petites, avec Israël. Nous sommes prêts à tout faire pour servir les intérêts des Palestiniens de Jérusalem et mettre fin à leurs souffrances. »

Husseini a appelé Israël à ne pas perdre de temps et de discuter de la question de Jérusalem : « Nous pensons qu’il est possible de parvenir à une solution sur Jérusalem. Nous espérons que les Israéliens vont se réveiller et mesurer l’importance de la ville pour les Palestiniens. Israël doit accepter le fait que nous ne renoncerons jamais à nos revendications sur Jérusalem. »

Husseini a ajouté qu’Israël devait se rendre compte qu’il n’était pas possible de parvenir à la paix sans une solution sur Jérusalem : « Il n’y aura pas d’Etat palestinien sans Jérusalem pour capitale. Il s’agit d’une ville sainte et nous voulons qu’Israël le reconnaisse. Israël se trompe s’il croit qu’une politique qui consiste à faire partir les Palestiniens de la ville peut mener à la paix. La paix n’est pas possible quand on dénie les droits de l’autre. Le manque de respect pour les autres est un signe de faiblesse, non de force. »

Le député Youval Steinitz (Likoud) a déclaré mercredi qu’Ehoud Olmert avait prouvé son hypocrisie en négociant l’avenir de Jérusalem avec Abbas. Il a rappelé la campagne électorale au cours de laquelle Olmert disait aux gens de voter pour lui parce qu’il avait abandonné la mairie de Jérusalem afin de défendre Jérusalem contre ceux qui voulaient la diviser : « Olmert est un premier ministre sans aucun soutien populaire. Il attend le verdict de la police et de la commission Winograd, et il est prêt à diviser et détruire Jérusalem pour sauver sa peau. »

La mairie de Jérusalem n’a fait aucun commentaire, pas plus que le cabinet d’Olmert ni Rafi Eitan (parti des retraités), ministre israélien chargé des affaires de Jérusalem