Interview réalisée par David Chemla le 7 juin 2009


En préambule de l’interview, deux brefs extraits d’articles publiés dans la presse israélienne au lendemain du discours de Netanyahou.

Ben Caspit, Ma’ariv (15.06.2009)
L’Initiative de Genève, le pire cauchemar de Netanyahou, contient des clauses qui empêchent Israël ou la Palestine de «rejoindre, aider, promouvoir ou coopérer avec toute coalition, organisation ou alliance dont les objectifs ou les actes sont hostiles à l’autre.» En vertu de Genève, la Palestine sera un Etat démilitarisé avec une force internationale que jouera un rôle de dissuasion et contrôlera l’application des accords. Genève stipule également que l’aviation israélienne aura le droit d’utiliser l’espace aérien palestinien souverain à des fins de manœuvres; deux stations israéliennes de détection précoce fonctionneront à partir de l’Etat palestinien. Toujours d’après Genève, les deux parties affirment que «l’accord marque la reconnaissance du droit du peuple juif à un Etat» et qu’Israël est le foyer de son peuple respectif. Tout cela figure dans le document le plus «colombe» que le processus de paix ait produit à ce jour entre les deux côtés.
Itzhak Rabin, Ariel Sharon ou Ehoud Olmert auraient probablement exigé bien davantage. Mais Netanyahou, pour apaiser la droite, agit comme quelqu’un qui a réinventé la roue, s’agissant des exigences israéliennes à l’égard des Palestiniens. Comme si, avant que Netanyahou n’apparaisse, nous prévoyions de céder aux Palestiniens deux divisions blindées et un ambitieux programme nucléaire;

Akiva Eldar, en une de Ha’aretz (15.06.2009)
La démilitarisation de l’Etat palestinien était déjà mentionnée dans les paramètres Clinton et les accords officieux de Taba, ainsi que dans l’accord de Genève. De même, le droit au retour des réfugiés en Palestine et non en Israël. La différence entre ces documents et le discours de Bar Ilan ne tient pas seulement au fait que les premiers documents cités reconnaissaient les droits pleins et entiers des Palestiniens sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est. La vraie différence réside dans le ton, la nature humiliante et irrespectueuse des propos de Netanyahou. Ce n’est pas ainsi qu’on abat un mur d’hostilité entre deux nations, ce n’est pas ainsi qu’on bâtit la confiance.

Interview de Gadi Baltiansky

Q : L’accord de Genève a été signé il y a plus de 5 ans. Il fait parti de l’histoire. Quel est le sens du maintien aujourd’hui d’une structure pour le soutenir ? Qu’avez-vous obtenu ou réalisé de plus depuis sa signature ?

L’accord de Genève a été signé effectivement il y a plus de 5 ans et depuis il n’y a pas eu de changement. Les gens qui l’ont signé sont toujours d’accord aujourd’hui sur son contenu. Depuis cette signature il est devenu un point de référence pour beaucoup de monde, pour tous ceux qui s’occupent du conflit : hommes politiques, diplomates, journalistes, …. Nous n’avons pas voulu que cet accord reste posé sur une étagère et ne serve que si on veut l’utiliser comme par exemple lors des négociations d’Annapolis. Quand Olmert, Livni, Abbas et Abou Ala négociaient, ils le connaissaient par cœur. C’est en effet le seul modèle d’accord existant pour résoudre tous les problèmes du conflit. En conséquence il peut être utilisé au moment des négociations et, lorsqu’il y en a eu, les négociateurs sont arrivés à des solutions très proches de celles de Genève. Nous avons décidé de ne pas nous contenter de cela et nous avons crée une ONG située à Tel Aviv et une autre à Ramallah dont le but est d’essayer de faire avancer la question de l’accord définitif. Beaucoup d’organisations en Israël font un travail excellent et très important dans les domaines de l’occupation, sur les colonies, sur les droits de l’Homme …Elles cherchent à améliorer la situation alors que l’on est encore en plein conflit. Nous sommes les seuls dont le travail consiste à convaincre les populations comment terminer le conflit et arriver à un accord définitif. Notre organisation travaille avec l’organisation palestinienne sur plusieurs niveaux pour faire avancer cette idée d’accord final. Il y a deux projets centraux que je vais développer :

 1. le premier concerne notre travail auprès de populations qui ne nous soutiennent pas mais qui sont très importantes par rapport à notre objectif. Nous travaillons ainsi beaucoup avec le Shas, un parti de gouvernement ; nous travaillons avec leurs rabbins, leurs députés, leurs maires ; nous leur organisons des séminaires, des excursions pour découvrir la situation sur le terrain, des rencontres avec des palestiniens. C’est généralement la première fois qu’ils en rencontrent. Nous avons un projet avec un groupe de femmes du Shas qui occupent des positions clés. Ainsi cette semaine nous leur organisons une rencontre avec un groupe de femmes palestiniennes. Leurs députés et leurs assistants parlementaires ont participé à nombre de nos séminaires où ils acquièrent des connaissances qu’ils n’avaient pas auparavant. Ils écrivent cela dans leurs journaux. Je ne pense pas que cela ait une influence sur Eli Ichaï mais de plus en plus de leurs députés et de leurs ministres commencent à comprendre la complexité de la situation, comme le ministre de la construction qui a un rôle très important dans la construction dans les colonies. Ils comprennent la nécessité d’arriver à un accord définitif pour sauver le sionisme et notre état démocratique. Dans ce projet nous travaillons aussi auprès de la population russe, les associations d’immigrants russes, leurs députés. Robert Tiviaev, député russe de Kadima, est le représentant de l’Accord de Genève auprès de la population russe. Nous organisons cette semaine une rencontre entre des journalistes israéliens écrivant dans la presse russe et des représentants d’associations russes avec des dirigeants palestiniens parlant russe parce qu’ils ont fait leurs études en URSS. Nous travaillons avec leurs assistants parlementaires, leurs maires. Notre projet consiste à faire évoluer les populations qui ont de l’influence sur les décisionnaires.

 2. Le second projet est la rédaction des annexes de l’Accord de Genève. Dans les prochains mois nous sortirons un livre de près de 500 pages accompagné d’une brochure résumé d’une centaine de pages. Les annexes concernent des sujets comme l’eau, l’environnement, les questions économiques, les accords précis concernant Jérusalem, l’organisation de la sécurité, la question des prisonniers, et beaucoup d’autres sujets qui dans l’Accord de Genève n’avaient été abordés que de façon générale. Nous les avons complétés avec des détails pratiques et techniques, rédigés par des spécialistes issus des deux côtés. Ce livre est prêt et est à la disposition des décisionnaires à Jérusalem, Ramallah Washington, ou en Europe pour que tous puissent y découvrir des solutions réalistes existantes pour chacun des sujets et voir ce que l’on peut déjà commencer à réaliser. Avec ce document nous voulons aider ceux qui veulent trouver une solution. Aujourd’hui alors qu’il y a une administration américaine qui voit dans un accord israélo-palestinien un intérêt américain, et cela en opposition avec l’administration précédente, nous ressentons qu’il y a un besoin encore plus grand de présenter un document comme l’Accord de Genève avec ses annexes parce que Obama veut aboutir à un accord final sur le principe de deux états et tout accord qui sera obtenu ressemblera beaucoup à celui de Genève. Donc plus ils connaîtront les détails de l’Accord de Genève, plus il sera facile d’arriver à un accord. Ces annexes seront publiées et diffusées.

Q. : Comment expliquer alors la contradiction existante entre l’impact que commence à avoir l’Accord de Genève auprès de populations issues de camps qui étaient opposés à lui et les mauvais résultats électoraux des partis qui le soutiennent ?

Nous ne demandons pas aux gens de changer leur vote. Nous voulons qu’au sein du Shas et du Likoud, plus de gens soient proches de nos positions. Si l’on considère l’évolution de ces dernières années, on constate une progression du soutien public à nos idées. Il y aujourd’hui une majorité pour 2 états au sein de la population israélienne. Ce soutien vient donc en partie d’électeurs du Likoud ou d’Israël Beitenou. Des sondages montrent qu’une majorité au sein des électeurs du parti de Lieberman soutient la position de 2 états. Notre but n’est pas de persuader ces électeurs sur d’autres sujets comme les questions sociales par exemple. Nous leur disons que s’ils ne soutiennent pas une position comme la nôtre, l’alternative sera l’état binational, la fin du sionisme et la fin de l’état démocratique. Les électeurs du Shas qui veulent conserver Jérusalem ne souhaitent pas continuer à y dominer la population palestinienne. Pour eux Jérusalem signifie le Kotel (Mur des lamentations) et les quartiers juifs, quant aux russes qui ne veulent plus voir les arabes, ils demandent en fait qu’une frontière soit établie entre les deux populations. C’est vrai qu’ils restent des électeurs de droite mais de plus en plus d’électeurs de droite pensent à gauche sur cette question. L’important c’est la victoire idéologique. Peu nous importe le gouvernement ou le Premier Ministre qui signera l’accord final, ce qui nous importe c’est qu’il soit signé.

Q. : Oui mais quelle est la position de ces électeurs sur des questions comme la suppression des colonies ?

Nous proposons une idée et nous mesurons son soutien dans la population. Et nous constatons qu’il y a une progression de nos idées. Un sondage publié vendredi dernier dans Yediot Aharanot montre que parmi les électeurs de Bibi et de Lieberman il y avait une majorité pour supprimer les colonies illégales et certaines colonies. Quant aux électeurs de Shas, ce qui leur importe ce sont leurs propres colonies. Il y en a 3 et elles sont situées à proximité de la ligne verte et selon l’Accord de Genève, elles restent en Israël. Peu leur importe Hébron, Yitzhar, Tamar où il n’y a pas de gens du Shas. Ce qui leur importe aussi c’est qu’ils puissent accéder aux lieux saints. Dans le cadre d’un accord l’accès sera plus facile qu’aujourd’hui. Ce qui leur importe enfin, comme la plupart de la population israélienne, c’est qu’Israël reste un pays avec une majorité juive et qu’il y ait des accords de sécurité, c’est pour cela qu’ils s’opposent au droit du retour des réfugiés palestiniens. Là sont les deux lignes rouges existantes pour la population israélienne : les réfugiés et la sécurité. Le Shas et les russes ne sont pas les colons typiques qui sont contre nous. Avec ces derniers, nous perdons notre temps. Vendredi dernier nous avons organisé un séminaire destiné aux assistants parlementaires de tous les partis, y compris ceux du Likoud, d’Israël Beiteiou ou du Shas. J’ai participé pendant ce séminaire à un débat contradictoire avec Ouri Elitsur, un des dirigeants des colons, fondateur de la colonie d’Ofra et qui a été le directeur de cabinet de Netanyahu quand il a été Premier ministre de 1996 à 1999. Je lui ai dit que l’on ne peut pas continuer à rester à la fois un état démocratique, juif et conserver tous les territoires. Si on conserve les territoires et que l’on veut rester un état juif, on n’est plus un état démocratique. Si on veut rester un état démocratique et conserver les territoires, on ne sera plus un état juif. Je lui ai dit que je renonçais aux territoires pour qu’Israël reste un état juif et démocratique. Je lui ai demandé à quoi lui il était prêt à renoncer. Il a répondu avec honnêteté. Il a reconnu que nous vivons aujourd’hui dans un pays d’apartheid, que cela n’ira qu’en empirant et que cela ne peut pas continuer. Il s’oppose à la création d’un état palestinien dans les frontières plus ou moins de 67 parce que c’est dangereux selon lui pour la sécurité. Il s’oppose aussi à un état binational. Mais entre les 3 possibilités, il a déclaré préférer cette dernière solution avec une majorité palestinienne mais où il pourra continuer à vivre à côté de Naplouse, de Hébron ou de Jéricho parce qu’en tant que juif religieux il est important pour lui de vivre dans ces territoires même s’ils passent sous la souveraineté palestinienne. Eretz Israël est plus important pour lui que l’Etat d’Israël. C’est la position des colons qu’il a exprimée parce que c’est une personne honnête et directe. Je respecte sa position, je n’essaie pas de persuader les colons religieux. Mais si on peut apporter une réponse aux questions sur la sécurité et sur les réfugiés aux électeurs du Shas, aux russes et aux laïques du Likoud, ils soutiendront notre position. Dans tous les accords du type de Genève, il n’y aura que 2/3 de la population pour le soutenir. Et les juifs religieux idéologiques s’y opposeront. Notre rôle est de travailler sur ces populations que l’on peut persuader. Nous ne visons pas les électeurs du Meretz et les travaillistes qui sont déjà persuadés. Si l’on ne réussit pas à gagner un support de ces deux autres populations, les russes et le Shas, il sera difficile à tout gouvernement d’arriver à un accord. J’ai donc dit aux assistants parlementaires présents à ce séminaire : choisissez, vous avez ici deux alternatives. Celui qui se considère sioniste doit choisir ma position. Celui qui ne l’est pas qu’il choisisse la position d’Elitsur. Les assistants parlementaires ont été très surpris des propos de ce dernier parce que ce ne sont pas des idées que l’on expose publiquement. Ce n’est pas populaire de les exprimer à la radio ou de les écrire dans la presse mais c’est la vérité. Nous étions d’accord tous les deux pour reconnaître qu’il n’y avait pas d’autre option. De plus en plus de gens qui soutiennent notre position le font, non pas parce qu’ils soutiennent le droit des palestiniens à un état, mais parce qu’ils comprennent que sans cela c’est la fin d’Israël en tant qu’état juif et démocratique. Les gens du Shas sont nos partenaires dans ce projet, comme le Directeur Général du Shas. Nous avons participé aujourd’hui aussi à une réunion avec le Directeur Général de Kadima où tous les membres ne sont pas sur cette position parce qu’une partie d’entre eux vient du Likoud, afin que tous les membres centraux de ce parti soient sur notre position. Nous travaillons avec ces partis parce que même s’ils ne sont pas d’accord avec nous, ils savent qu’il n’y a pas d’autre alternative, sinon l’état binational. C’est ce que fait notre organisation. Je crois que nous sommes la seule organisation à travailler sur le sujet de l’accord final accepté par les deux partis. C’est pourquoi nous n’avions pas soutenu le désengagement de Gaza qui été réalisé unilatéralement. Nous ne nous y sommes pas opposé mais nous ne l’avons pas soutenu parce que nous disions que cela renforcerait les extrémistes comme ce fut le cas avec le Hamas. Nos partenaires palestiniens s’y sont opposés. Nous sommes pour tout ce qui peut aider à l’obtention d’un accord définitif. C’est notre objectif : la fin du conflit et un accord final avec 2 états. Aujourd’hui, avec le soutien de l’administration d’Obama, on reconnaît que c’est le sujet central. Il y a donc beaucoup plus d’ouverture pour nous écouter ici. J’ai rencontré par exemple la semaine dernière le maire d’Ashdod, un membre du Likoud élu avec les voix des russes d’Israël Beitenou. Il nous a invités parce qu’il reconnaît que c’est très important de nous écouter. Il restera au Likoud mais il a compris que notre solution est la bonne.

Q. : Que représentent les Palestiniens avec lesquels vous travaillez ?

Ce sont des personnes proches du Fatah. Yasser Abed Rabbo, notre partenaire dans la rédaction de l’Accord de Genève, est le secrétaire du Comité exécutif du Fatah. Très proche de Mahmoud Abbas, il l’a accompagné récemment lors de sa visite à Washington. Jamal Zakout est l’une des plus proches collaborateurs du Premier Ministre palestinien Salem Fayad. Ryad Malki est toujours le ministre des affaires étrangères palestinien. Tous trois sont des signataires de l’Accord de Genève. Nous avons aussi des relations avec Saeb Erikat ou Salam Fayad, le Premier Ministre palestinien. Nos partenaires représentent plus le gouvernement palestinien que nous représentons le nôtre. Abbou Mazen connaît très bien le programme de Genève, il le connaissait avant même qu’il ne soit divulgué. Le sujet dont on parle en ce moment ici, et qui intéresse le Shas et d’autres, c’est la reconnaissance d’Israël comme d’un état juif. Dans l’Accord de Genève nous répondons à cette inquiétude puisque les palestiniens qui l’ont signé reconnaissent qu’Israël est l’état (bait haleoumi) du peuple juif. C’est écrit dans l’Accord de Genève. Alors quand nous abordons des questions comme la localisation exacte des frontières, l’environnement ou les règles qui seront appliquées pour gérer la navigation aérienne, nous le faisons avec des palestiniens qui ne représentent pas formellement leur gouvernement mais ce sont en fait les mêmes personnes. Les négociateurs qui ont participé aux négociations d’Annapolis avec Livni sont ceux qui ont participé à la rédaction de l’Accord de Genève.
La coalition de la paix palestinienne qui soutient l’Accord de Genève, avec laquelle nous travaillons, organise des actions auprès des jeunes ou des femmes en Cisjordanie ou à Gaza où participent aussi des gens du Hamas. Ils organisent des camps de vacances pour les jeunes de 12 à 16 ans, des rencontres avec des journalistes palestiniens, des étudiants, des enseignants. Ils n’invitent pas à ces réunions des israéliens mais ils participent aux réunions que nous organisons. Ils insistent sur la nécessité de ne pas faire une opposition entre Gaza et la Cisjordanie et présentent une solution pour mettre fin à l’occupation.

Q. : Avez-vous des relations avec l’opposition actuelle de Kadima ?

Bien sûr. Aujourd’hui même on a eu une réunion avec le Directeur général de Kadima. Nous avons des relations officielles avec le parti et des relations personnelles avec certains de leurs membres. Mais nous voulons avoir aussi des relations avec le gouvernement. Je ne me fais pas d’illusion, je ne crois pas que Netanyahu signera un accord final ni demain, ni l’année prochaine. Mais je veux que si une telle possibilité se présente, il y ait le moins possible d’obstacle, que le Shas ou les russes gênent moins. C’est notre but. Ce n’est pas le gouvernement que j’aurai choisi mais je ne baisse pas les bras. Et nous travaillons avec le gouvernement, l’opposition, l’administration américaine et la communauté européenne. C’est important ce que dit l’opinion mondiale. Je pense qu’aujourd’hui la voix des Juifs de la diaspora est très importante. Aux USA 80 % des Juifs américains ont soutenu Obama, ce qui lui donne une très grande force et la possibilité de dire que les Juifs sont avec lui et qu’il n’est pas un ennemi des Juifs mais un ami d’Israël. Obama a dit qu’il ne faut pas être pro Likoud pour être pro-israélien. Je pense que si les Juifs européens aiment Israël et veulent qu’il continue à être l’état des Juifs, ils doivent dire que l’on doit arriver à la solution à 2 états. Je crois que le public et les hommes politiques en Israël doivent entendre leurs voix. Nous sommes finalement le pays du peuple juif et pas seulement celui des citoyens israéliens. On a créé ce pays pour sauver le peuple juif et pas pour sauver ici quelques israéliens. Donc le peuple juif doit faire entendre sa voix. Et quand il y a, comme maintenant, une alternative, l’indifférence n’est pas une option. Les opposants en Israël en France ou aux USA à un accord, ceux qui veulent conserver les territoires, feront entendre leur voix. J’ai besoin que ceux qui sont pour un accord fassent aussi entendre leur voix, qu’ils ne restent pas indifférents, qu’ils écrivent des lettres dans la presse, à leurs députés, à leurs ministres, à leur président et leur disent qu’en tant que juifs ils veulent que l’on profite de ce momentum maintenant, que l’on arrive à un accord qui sauve l’état qui est aussi le leur et qu’ils ne veulent pas d’un état binational. Et plus les juifs dans le monde feront entendre leur voix, plus ce sera facile ici pour nous. Je le demande comme une aide parce qu’on entend ici les voix de l’opposition à l’accord. Je pense qu’un vrai patriote est celui qui soutient la position de deux états et on doit l’entendre ici sa voix.

La question politique est redevenue importante. Comme on sait ici que lorsque Obama proposera un accord, il ressemblera à celui de Genève, les gens reviennent vers nous pour découvrir cet accord et voir ce que Obama proposera. Les médias reviennent vers nous parce qu’elles savent que nous avons des liens avec l’administration américaine. On nous interroge pour savoir ce que les américains pensent. Je pense que la France peut jouer aussi un rôle. Quand Sarkozy a fait son discours à la Knesset et a parlé de deux états et de la division de Jérusalem il a été très applaudi parce qu’il est un ami d’Israël, qu’il s’identifie à nous sur la question iranienne, et sur la Shoah. Il faut en profiter. Il peut jouer un grand rôle et plus il entendra des français juifs qui soutiennent la position de deux états, plus ce sera plus facile pour lui de faire pression sur le gouvernement israélien.