«La lutte contre les roquettes passe par un accord avec le gouvernement d’union nationale palestinien, la levée du blocus de Gaza, et l’espoir rendu à ses habitants», écrit Mossi Raz, convaincu qu’il n’est pas de solution militaire au conflit.


C’est l’aberration des fins de non-recevoir diplomatiques qui a conduit à la guerre de Gaza. Le désastre qu’a produit cette politique du gouvernement Netanyahou résulte de suppositions erronées de la part de ceux qui l’ont conçue. Les roquettes n’ont pas cessé de tomber sur les citoyens d’Israël, fût-ce après la conquête des Territoires, en 1967; et, depuis le début de l’année 2001, le Hamas tire à rythme accéléré sur les habitants du sud et du centre du pays. Les gouvernements israéliens [successifs] ont expérimenté divers modes de solutions de force, cependant que de nombreux Israéliens et 9 000 Palestiniens perdaient la vie. Mais, avec le temps, le flux des roquettes propulsées contre Israël n’a fait qu’augmenter, tandis que les gouvernements du pays s’enferraient en parallèle dans leur absurde refus de solutions diplomatiques.

Ainsi, en 2002, fut lancée l’Initiative de paix de la Ligue arabe, mais Israël répondit par le vide à 22 États arabes; ignora l’Initiative de Genève en 2003; se retira de la bande de Gaza en 2005 tout en refusant de coordonner cette action avec l’Autorité palestinienne; ruina les efforts de la conférence d’Annapolis en 2007; et, en 2014, fit exploser les négociations par des constructions massives dans les colonies et la rupture de ses engagements quant à la libération de prisonniers [palestiniens]. Or, faute de paix, c’est la guerre qui vient.

Israël a créé une situation dans laquelle les Gazaouis n’ont rien à perdre: le siège de Gaza est presque total. Cela fait longtemps que ses habitants ont cessé de travailler en Israël, et le blocus lui est imposé depuis 2006. Il me revient en mémoire une discussion avec le vice Premier ministre Haïm Ramon, que je mettais en garde contre le blocus de Gaza, en passe de renforcer le Hamas par le prélèvement de droits de péage dans ses tunnels. Il me promit en retour que le Hamas allait tomber en trois mois. Rétrospectivement, si le blocus a interdit l’importation de persil dans la bande de Gaza, il n’a pas empêché le Hamas, enrichi et renforcé par l’impôt levé dans les tunnels, de s’armer.

Par la suite, lors des opérations “Pluies d’été” [juin 2006], “Plomb durci” [charnière 2008-2009], et “Colonne de nuées » [novembre 2012], les gouvernements successifs d’Israël ont tenté de résoudre le problème par la force. Sans succès, pour une raison évidente: il n’existe pas de solution militaire. Au début de “Bordure protectrice” également, nous avons cru les portes-parole du gouvernement qui nous promettaient tous que le Hamas tomberait à genoux en deux jours et demanderait un cessez-le-feu. Mais, cette fois non plus, cela n’a pas eu lieu. Il s’avère qu’on ne peut éduquer au moyen de la violence, ni enseigner qu’elle mène à une impasse. Nous avons réalisé que si le désir de contre-attaquer vient aux Israéliens lorsqu’on s’en prend à eux, il en va de même pour les Palestiniens. Aussi longtemps que Tsahal infligera des coups aux Palestiniens, le Hamas ne fera donc que se renforcer.

Le Hamas est une idéologie, et sa force ne vient pas nécessairement du nombre de missiles en sa possession, mais du soutien accordé à ses idées. C’est pourquoi, si nous anéantissons tous ses tunnels, il utilisera des roquettes; si nous annihilons ses stocks de missiles, il arrivera par la mer; si nous asséchons la mer, il reviendra aux attentats-suicide.

Seul un accord politique réduisant la motivation du Hamas à néant nous permettra de combler nos objectifs. Bien que le gouvernement nous ait promis de lui faire perdre courage, l’expérience nous enseigne que la durée de vie de cet effet dissuasif est étonnamment courte. Il n’est que de voir notre histoire: lors de la guerre des Six Jours, Tsahal a connu la plus impressionnante des victoires militaires et nous eûmes en réaction des tirs de Katioucha en Galilée, des incursions dans la vallée du Jourdain, les premiers attentats, la guerre d’usure et la guerre de Kippour. Lors de la première guerre du Liban, la déclaration du Premier ministre Menahem Begin, selon laquelle le «découragement vaudrait au pays quarante années de calme», ne tint pas même quarante heures. Aussi n’est-il guère étonnant qu’après les rudes frappes militaires qu’il a subies le Hamas ait continué à tirer.

On ne peut que reconnaître que la lutte contre les roquettes passe par l’initiative de la Ligue arabe, un accord avec le gouvernement d’union nationale palestinien par lequel Gaza deviendrait partie intégrante de l’État palestinien, la levée du blocus de la bande de Gaza, et l’espoir rendu à ses habitants.