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La conférence a commencé vers 17h dans une salle comble : plus de 200 élèves de la seconde à la terminale et quelques-uns de leurs professeurs ont écouté dans un silence très attentif les interventions des quatre hommes, deux négociateurs palestiniens et deux négociateurs israéliens des Accords de Genève.

Ils ont évoqué leurs parcours respectifs, souvent étrangement parallèles :
Mossi Raz, officier israélien, a été blessé dans la bande de Gaza, non loin de la maison de Saaman Khoury, ce dernier a évoqué sans complaisance son parcours de résistant, la mort de son frère, son emprisonnement. Mais tous croient fermement à la négociation comme seul moyen d’obtenir ce à quoi ils aspirent : la fin de la colonisation. Depuis 3 ans, ont-ils rappelé, les radicaux des deux camps avaient choisi la voie de la violence que les négociateurs ont condamnée, que ce soit celle de l’armée israélienne ou des attentats suicides immoraux.

Ils ont montré aux jeunes élèves francais que la colonisation est un piège qui meurtrit les deux peuples et que la négociation est la seule issue pour accorder à chaque peuple son État. Menahem Klein a souligné que la colonisation corrompait l’État d’Israël et le judaïsme autant qu’elle humiliait les Palestiniens.

Mohammed Abdi, de l’Association « Ni putes ni soumises », s’est ensuite
adressé aux jeunes lycéens, et tout particulièrement à ceux qui sont attachés aux droits des Palestiniens : il faut refuser l’importation du conflit en France, et même s’il comprend l’attachement particulier des jeunes juifs à Israël et des jeunes musulmans aux Palestiniens, il est de notre devoir de soutenir une proposition d’accord de paix et de favoriser les conditions d’un retour officiel à la négociation car, a-t-il precisé s’adressant implicitement aux jeunes issus de l’immigration, « si la Palestine est dans notre cœur, Israël doit être dans notre conscience ».

Les élèves ont ensuite posé des questions qui manifestaient ouverture d’esprit et maturité : par quels moyens les citoyens israéliens et palestiniens ont-ils connaissance de cette initiative qui émane de la société civile, comment envisager un nouvel échec, comment continuer à y croire alors que ces derniers jours ont à nouveau été sanglants?

À ces questions, une seule réponse, la même pour les personnalités présentes : « nous ne renoncerons pas », sans jamais minimiser les différends, mais avec la poursuite d’un dialogue pragmatique : seule la négociation et la fin de la colonisation permettront aux deux peuples un avenir meilleur.

« S’agit-il d’un conflit religieux? », ont-ils encore demandé ; pour Daoudad
Barakat
, membre de l’appareil palestinien, la réponse est sans équivoque : il s’agit de l’affrontement de deux aspirations nationales, et donc d’un conflit politique mais il est souvent, de part et d’autre, instrumentalisé par les groupes radicaux religieux.

Menahem Klein (qui porte lui-même une kippa) acquiesce : ceux qui utilisent la parole divine exploitent la violence et la perpétuent. Il ne doute pas, que des deux côtés, ils seront les principaux opposants.

À un jeune interlocuteur qui disait comprendre les réticences des Palestiniens à envisager la paix avec les Israéliens, M. Khoury a répondu fermement : « ce n’est pas avec un ami que l’on fait la paix, mais avec un ennemi », et en tant que Palestinien, il ne saurait tolérer qu’on instrumentalise ses souffrances : il reste, a-t-il revendiqué, un militant de la cause palestinienne, mais avec la seule arme acceptable et efficace : le soutien à des accords de paix.

« Comment pouvons-nous vous aider ? Comment peut-on favoriser l’émergence de la paix au Moyen-Orient? » Cette dernière question est revenue à plusieurs reprises : les négociateurs ont souligné que par leur présence, par leurs témoignages auprès de leurs amis et de leurs parents, les jeunes élèves de Bondy, comme tous les citoyens ont un rôle à jouer : celui d’une opinion publique responsable et engagée.

D’ailleurs en conclusion, Youval Teller, responsable du secteur éducation au
sein des Amis de Shalom Akhshav – La Paix Maintenant, et qui assurait la
traduction des interventions, a proposé aux lycéens de s’investir dans un
projet éducatif tripartite entre lycéens palestiniens, israéliens et français.

Les remerciements chaleureux et les applaudissements ont convaincu chacun que l’éducation à la paix est un défi à relever et que le refus d’une vision simplificatrice au profit d’une analyse plus complexe est nécessaire. « Israël-Palestine, le combat pour la paix est aussi le nôtre », voici ce qu’auront appris les lycéens de Bondy.