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Ha’aretz, 19 novembre 2006

Trad. : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le chef d’état-major israélien Dan Haloutz est sur le point de nommer un général qui dirigera une enquête sur l’usage de bombes à sous-munitions pendant la guerre du Liban.

Haloutz avait ordonné à l’armée d’utiliser ces bombes avec une extrême prudence, et en aucun cas de les tirer sur des zones peuplées. Or, il y a eu des tirs sur des zones peuplées, à l’aide de batteries d’artillerie et de systèmes de lancement multiple de roquettes (MLRS).

Le procureur général de l’armée va lui aussi ouvrir une enquête sur cette question, pour déterminer si des officiers ont désobéi de manière flagrante aux ordres de l’état-major, et si le cas relève d’une procédure criminelle.

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, le 14 août, au moins 22 civils, dont de nombreux enfants, ont été tués par les petites bombes qui n’avaient pas explosé.

Une roquette ou un obus peut contenir jusqu’à plusieurs centaines de petites bombes, qui se dispersent et couvrent une surface de plusieurs centaines de mètres, et qui explosent en touchant le sol.

D’après le témoignage d’un officier d’un MLRS publié par Ha’aretz [Voir l’éditorial de la rédaction : [ ]], Israël a tiré au moins 1.800 bombes à sous-munitions, contenant plus 1,2 million de petites bombes, par des MLRS, capables de tirer jusqu’à 12 roquettes à la seconde. Les Nations Unies estiment que 3 millions de ces petites bombes ont été tirées au Liban pendant la guerre. Selon l’unité de déminage des Nations Unies, il pourrait y avoir au Liban Sud des centaines de milliers de petites bombes n’ayant pas encore explosé, ce qui menace la vie des agriculteurs et les empêche de cultiver leur terre.

Selon le témoignage de cet officier, il y a eu un usage intensif de roquettes tirées par des MLRS, malgré le fait qu’elles soient connues pour être très imprécises (leur déviation par rapport à leur cible atteint environ 1.200 m), et un nombre conséquent de ces bombes n’ont pas explosé et sont devenues des mines. Pour ces raisons, la plupart des experts considèrent les bombes à sous-munitions comme des « armes non discriminantes », dont l’usage est interdit dans un environnement civil.

D’après l’officier, pour compenser l’imprécision de ces roquettes, l’ordre a été donné d' »inonder » la zone. « Nous ne pouvions pas frapper une cible isolée, et les officiers [supérieurs] le savent très bien », a-t-il déclaré.

Le commandant d’une unité de MRLS a paru amusé en apprenant que le chef d’état-major Dan Haloutz ignorait où se trouvaient les forces terrestres qui ont tiré des bombes à sous-munitions.

« Si le chef d’état-major de Tsahal ne sait pas d’où les unités de MLRS tirent leurs roquettes, il n’y a aucune raison qu’il sache si oui ou non l;’armée a envoyé un escadron bombarder l’Afghanistan », a dit cet officier.

Quelques jours après le début de la guerre, la photo d’une bombe à sous-munitions dirigée vers le Liban a circulé dans la presse internationale. Pendant toute la guerre du Liban, des dizaines de photos de tirs par des MLRS sur le Liban ont été prises. Haloutz est peut-être un aviateur, mais il devrait savoir que chacune de ces roquettes contient 650 petites bombes. Il aurait dû savoir que ces roquettes étaient considérées par Tsahal comme « l’arme fatale » en cas de guerre contre la Syrie. Ne pas connaître ces détails, c’est comme ignorer combien Tsahal compte de divisions.