Ha’aretz, 15 février 2009

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Les enquêtes internes effectuées l’armée à propos de l’offensive récente
dans la bande de Gaza indiquent que l’armée pourrait faire face à
d’importantes difficultés pour expliquer l’étendue des destructions de
maisons de civils durant les combats. Une source militaire, partie prenante
de ces enquêtes, a dit à Ha’aretz : « Pour nous, il est clair que, dans une
partie des secteurs de combat, des dégâts incommensurables ont été infligés,
très difficilement justifiables d’un point de vue juridique, en particulier
si ces justifications sont apportées dans le cadre d’une action judiciaire
intentée par des organisations internationales. »

Au cours des combats, l’armée a détruit des centaines de maisons situées
dans différents secteurs, et des sources palestiniennes estiment que
plusieurs milliers de bâtiments ont subi des dégâts. Une partie d’entre elle a été touchée par des frappes aériennes, d’autres au cours de combats
terrestres dans des zones urbaines densément peuplées.

D’autres bâtiments encore ont été endommagés par des bulldozers ou par des
explosions contrôlées, en conformité avec des ordres reçus de commandants de
bataillons ou de brigades sur le terrain.

Des officiers supérieurs attachés aux unités qui ont opéré à Gaza le mois
dernier affirment que les bulldozers de l’armée étaient très demandés
pendant les combats. Des commandants de brigade sont souvent intervenus pour
qu’on fournisse ces bulldozers à leur unité.

La semaine dernière, la chaîne 2 de télévision israélienne rapportait que,
selon les estimations de l’échelon militaire, environ un tiers des morts
pendant les combats étaient des « civils non concernés pas les combats »,
chiffre bien plus haut de source palestinienne.

L’armée estime qu’il s’agit d’un chiffre raisonnable compte tenu de
l’étendue des combats, relativement conforme aux chiffres des victimes des
opérations américaines en Irak ou de celles de l’OTAN en Afghanistan.

Pour la plupart des procédures judicaires concernant les victimes civiles,
l’armée compte arguer du fait qu’elles constituent un « dommage collatéral
», c’est-à-dire des conséquences inévitables quand un ennemi se cache parmi
une population civile, ou bien d’erreurs de direction de tirs, comme dans le
cas très médiatisé de la mort de plusieurs membres de la famille du Dr Abou
al-Aish dans le camp de réfugiés de Jabalya [Voir [ ]]

Cependant, les destructions massives de maisons seront plus difficiles à
expliquer d’un point de vue juridique. Les enquêtes révèlent que dans de
nombreux cas, des officiers ont donné l’ordre de détruire des maisons qui
obstruaient la « ligne de mire » d’une position israélienne, ou parce qu’ils
considéraient que ces maisons étaient susceptibles d’être utilisées pour
menacer leur propre sécurité.

Dans d’autres cas, des maisons ont été détruites après que des explosifs ou des
Kalachnikov ont été découverts à l’intérieur, même quand il aurait été
possible d’effectuer une explosion contrôlée qui aurait causé des dégâts
limités.

Dans plusieurs dizaines de cas, des maisons ont été détruites à partir de
soupçons (qui se sont révélés infondés) selon lesquels elles cachaient des
tunnels souterrains de contrebande d’armes. Un représentant du département
juridique de l’armée a dit qu’il serait extrêmement difficile de justifier
de telles opérations.

Dans plusieurs cas, il semble y avoir eu de gros écarts dans le volume des
destructions entre différents secteurs de combat, écarts dus, semble-t-il, à
des différences de méthodes de commandement des officiers supérieurs.