Nos amis de JCall, qui s’associent au deuil de tout le camp de la paix en Israël à la suite du décès de Ron Pundak, vendredi 11 avril, ont repris sur leur site cet article de Yossi Beilin.

Pour Ron Pundak, écrit-il ici, « renoncer à la paix équivalait à renoncer au sionisme ».


Ron Pundak est décédé vendredi. C’était un homme d’une rare qualité. On se demande souvent: « Qu’est-ce que cette personne, devant moi, veut vraiment ? » Habituellement, on trouve des réponses telles que la gloire personnelle, l’influence, le pouvoir politique ou la richesse. Ce n’était pas le cas avec Pundak.

C’était un vrai sioniste, qui croyait de tout son cœur et de toute son âme que la réalisation de la vision sioniste d’un État d’Israël juif et démocratique exigeait un accord de paix avec les Palestiniens. Pour lui, la frontière était appelée non seulement à séparer les deux peuples, mais aussi à permettre une collaboration accrue entre eux.

Il croyait que le vrai sionisme signifiait un État d’Israël vivant en paix avec tous ses voisins, lui permettant de coopérer avec eux dans les divers aspects de la vie, en particulier dans le domaine économique. C’était un homme axé sur les valeurs, qui n’a pas hésité à se battre pour la vérité –même lorsque les circonstances ne s’y prêtaient guère…

Ron a été impliqué dans toutes les négociations que je menais, de manière formelle comme informelle. Il a tenu un rôle majeur dans les accords d’Oslo, aux côtés de Yaïr Hirschfeld, en charge des négociations en Suède avec les représentants de Mahmoud Abbas (alors secrétaire général du Comité exécutif de l’OLP). Les négociations ont produit un document dit “accord Beilin-Abbas”, qui constituait un projet d’accord permanent israélo-palestinien, approuvé mais non signé par les responsables des deux côtés.

Lorsque j’ai eu à organiser des négociations avec le ministre palestinien de la Culture de l’époque, Yasser Abed Rabbo, dans le cadre des efforts diplomatiques ayant abouti à l’Initiative de Genève, il ne m’est jamais venu à l’idée de mener ce projet sans lui. Il a joué un rôle crucial au cours de ces deux années et demie, en se concentrant sur les questions de Jérusalem et des frontières du futur État palestinien, jusqu’à la signature de l’accord fin 2003. Il fut aussi un membre clé du “Groupe X”», lequel se consacrait aux aspects économiques d’un accord permanent avec les Palestiniens.

Les larmes que nous versons sur sa mort sont personnelles. La profonde gratitude que nous éprouvons pour ses réalisations est une affaire publique.