Ha’aretz, 17 août 2009

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Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant


Le sixième congrès du Fatah à Bethléem a énormément fait parler de lui à cause des luttes internes entre ses clans et entre les dirigeants du mouvement. Mais si ces luttes ont eu pour objet principal le contrôle de positions-clés au sein du mouvement ainsi que des questions constitutionnelles, on a un peu passé sous silence l’approche générale du Fatah à l’égard du conflit israélo-palestinien.

Le nouveau programme du Fatah, ainsi que le discours du président Mahmoud Abbas, ont bénéficié du soutien quasi unanime des plus de 2 200 délégués venus de toute la diaspora palestinienne. Depuis Bethléem, ils ont envoyé un message sans équivoque : le choix stratégique du mouvement national palestinien demeure deux Etats pour deux peuples.

Bien que le premier congrès organisé par le Fatah depuis 20 ans se soit tenu à l’ombre de l’occupation israélienne et d’un processus de paix dans l’impasse, le mouvement s’est engagé à privilégier l’option diplomatique et les principes de l’initiative de paix arabe. Le Fatah s’est officiellement différencié du Hamas et a rejoint le consensus arabe et international, c’est-à-dire la création d’un Etat palestinien géographiquement continu sur la base des frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, et une solution juste au problème des réfugiés, en accord avec Israël, sur la base de la résolution 194 des Nations unies.

Le congrès a rejeté l’exigence de reconnaître Israël en tant que « Etat du peuple juif », ainsi que l’idée d’un Etat palestinien aux frontières provisoires. Il est dommage que l’appel à des liens plus étroits avec le camp de la paix en Israël ait été entaché d’une allusion révoltante à l’assassinat de Yasser Arafat par Israël.

Mais aussi bien le programme du Fatah que le discours de son président ont été clairs : en l’absence d’un réel progrès vers une solution à deux Etats, le mouvement passerait alors, soit à une lutte en vue de créer un Etat binational unique entre la Méditerranée et le Jourdain, soit à une déclaration unilatérale d’indépendance d’un Etat dans les frontières de 1967. Bien plus : si des négociations ne réussissent pas à mener à la fin de l’occupation dans un avenir proche, le Fatah se réserve le droit de se battre pour la liberté du peuple palestinien par des voies légitimes, y compris en combattant les colons et les forces qui les protègent, et en s’engageant dans la désobéissance civile non armée. Les deux points démontrent les dangers auxquels Israël aura à faire face si la solution de la partition se trouve de nouveau dans l’impasse.

L’énorme intérêt soulevé dans l’opinion palestinienne par ce congrès et le degré de participation impressionnant des délégués montrent qu’en dépit des nombreuses crises que le Fatah a connues, il est toujours le mouvement populaire qui mène le jeu en Cisjordanie. L’opinion et les décideurs en Israël feraient bien d’étudier attentivement les résolutions du congrès de Bethléem.
Il est tout à fait normal qu’Israël n’accepte pas le programme du Fatah, de même qu’il est naturel que la direction palestinienne s’oppose au programme du Likoud. Mais l’approche du Fatah à l’égard du processus de paix réfute l’argument de la droite selon lequel « il n’y a pas de partenaire palestinien ».

Le sort du pragmatisme du côté palestinien dépendra largement de la politique d’Israël concernant les termes de la reprise des négociations. Cela comprend la question du gel de la colonisation, les différences d’appréciation entre les parties à propos d’un accord définitif et le degré de détermination dont fera preuve la communauté internationale pour réduire ces différences.